Le Spectacle

  • Chorégraphie: Lénou Vernay
  • Textes: Lénou Vernay avec la complicité des danseurs
  • Interprétation: Barnabé Besse; Olga Thierry; Lénou Vernay
  • Production : Cie CTC Association Craque Ta Coquille
  • Co-Production : MJC Nelson Mendela (Fontaine)
  • Regards extérieurs : Emilie Szikora, Laura Faguer

Durée: 1h ou 30 min (selon la demande)
Tout public

Création 2020, “Lobotomy show”, émission de téléréalité dansée, scelle la rencontre des deux candidats Olga, et Barnabé autour de la présentatrice Lénou.

On assiste au déballage cathodique de la banalité arrangée de la petite vie de chacun.

Les interprètes nous invitent à questionner la place de l’individualisme à travers leur discours enfermé dans un stéréotype dicté: un modèle unique proposé. Leur gestuelle hip-hop et contemporaine évolue à travers l’isolement et ses conséquences observées dans un environnement cloisonné. Tels les téléspectateurs, on observe comment la pression les amène à une perte d’identité dans un mouvement collectif scénarisé. Le mimétisme de groupe laisse dévoiler de nouvelles attitudes éloignées de notre identité propre. La fatigue et la répétition font de la politique de la peur la représentation des personnes invisibles à l’écran.

C’est ainsi que ces trois jeunes vulnérables se retrouvent dans des situations quelque peu loufoques et drôles. Mais ces comportements absurdes ne sont-ils pas contradictoires à celui de leur vie “réelle” hors des caméras?

Il est toujours intéressant de pouvoir se détacher de la forme de la pièce. Le jeu des danseurs nous amène à découvrir les différents traits de caractères des personnages. Cette particularité-là nous donne alors l’occasion de pouvoir facilement s’identifier à eux, ne serait-ce qu’un instant. Il devient alors plus facile de questionner le fond du propos.

Intention Chorégraphique

A l’instar de beaucoup d’entre nous, je considérais internet et ses divers médias comme prenant le dessus sur la télévision.

Or celle-ci représente encore 3h50 en moyenne par jour pour les plus de 15 ans (Médiamétrie, 2019); soit plus d’un an sur 10 années de sa vie. Fort heureusement, la majorité des téléspectateurs déclarent préférer regarder des reportages et des films d’auteur sur la fameuse chaîne référente en la matière (IFOP).

Quelle surprise lorsque j’ai réalisé que les résultats des parts d’audience démontrent tout le contraire! Les chaînes généralistes diffusant de la téléréalité gagnent les rapports d’audience haut la main devant les reportages. Sans compter les rediffusions sur plateforme vidéo et les différents réseaux sociaux des icones de téléréalité suivies par des milliers de jeunes.

En regroupant plusieurs études faites sur les conséquences de la télévision, Michel Desmurget, chercheur, neuroscientifique, démontre facilement ses dommages sur notre cognition , notre santé et notre sociabilité.

Etant moi-même jeune adolescente lors de l’arrivée de la téléréalité en 2001, en France. Quel bilan 20 ans après ?
Celle-ci est devenue plus qu’un business, vue comme tremplin, elle permet de faire miroiter l’argent facile et rapide au détriment de véritables projets de vie qui demanderaient plus d’efforts.
Déconnectés du réel, les candidats n’écoutent que leur ego gonflé par les promesses de la production. Damien Le Guay, philosophe et auteur de L’empire de la télé-réalité la décrit comme “symptomatique de cette post-modernité où l’individu est roi et pense être tout puissant […] mais psychiquement, il est fragile, incapable de se stabiliser, de s’engager autrement que sur le court terme. Il ne se sent lié par rien. Chacun vit pour soi.”

Quelles conséquence à l’observation des chairs fraîches et des pulsions qui sommeillent en chacun de nous?
Ces profils caricaturaux permettent de créer des scénarios. Les téléspectateurs attendent des événements croustillants que le quotidien ne peut servir. En quête constante d’audimat, la production oriente souvent les discours et les comportements des candidats.

C’est là qu’il devient intéressant de questionner notre position de téléspectateur dans cette essence du consumérisme. On se complait à commenter le mimétisme comportemental des candidats. Toutefois, n’oublions pas que la mise en scène de leurs relations humaines est de loin le meilleur booster de vente. Notre temps de cerveau humain disponible reste le plus précieux pour les techniques de neuromarketing des multinationales.

Extrait

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